L'ART CULINAIRE NIVERNAIS EN V.O
Le Nivernais est un "pays de gueule". Il s'agit de se remplir la "beuille" (ventre) ou le "garganet" (gorge). Aujourd'hui on ne se nourrit plus simplement avec des "treuffes" (pommes de terre) comme c'était le cas au XIXème siècle. En matière culinaire, le Morvan et le Nivernais ont considérablement évolué. Qui'il s'agisse du "goûter" (repas de midi) ou du "souper" 'dîner), il fallait être "égoué", c'est-à-dire rassasié.
Le souper désigne le repas du soir composé comme son nom l'indique, d'une soupe. Il s'agit d'abord de "plucher" non pas des pommes de terre mais des treuffes.
A Tannay, on dit "éplucher la soupe" et non les légumes ! Pour ne pas "s'ensourcer" (avaler de travers) avec le vocabulaire, parlons de choses concrètes. Pour "fére" ou "fare" une petiote soupe, il vous faut en plus des treuffes, des carottes, un poireau, un oignon, un bouquet garni, du poivre et du sel, mais pas trop car la soupe risquerait d'être "meurrée" (trop salée).
Le "goûter" désigne le déjeuner. Il convient de "miger" (manger) et de "méger de lai miche" (être content), grâce aux produits du jardin, aux légumes de saison. Le "goûter" peut être composé d'une entrée telle qu'une salade de "doucette" (mâche), d'un plat de résistance comme du "pouéchon" (poisson), des "treuffes aiqu'modées au poulot" (pommes de terre accompagnées de poulet). On peut proposer également du "codinde queut dans l'for" (dindon cuit au four). Vient ensuite le fromage blanc qui se dit "cailla" ,"tiaque", ou encore "bitou". Enfin le dessert peut être constitué de "freuts" (fruits) : des "poummes" (pommes, quelques "peurnes" (prunes) ou pourquoi pas des "grâpiaux" (sortes de crêpes), mais le terme désigne aussi des beignets dans certaines régions. "Grâpiaux" ou "crâpiaux" sont préparés avec de la farine, des oeufs, du lait, de l'eau et du sel. Autrefois, le "crâpiau" devait être étalé sur la "tornotte", sorte de plateau en osier.
Il existe encore de vieilles recettes qui ne sont heureusement pas connues que par les seuls folkloristes; personne n'a oublié les fameuses "gaudes", la soupe aux chous et la "galette aux grillaudes" sorte de gâteau de Noël.
Article écrit par Martine ARENS et paru dans le Journal du Centre du 16/04/2007