LE 14 MAI 1948
Dans le hall bondé du musée d'Art de TelAviv, les cadets de l'École des officiers de la Haganah - l'armée juive clandestine, dont sortira Tsahal, l'armée israélienne -ont de plus en plus de peine à contenir la foule. Ce vendredi 14 mai 1948 n'est pas un jour comme les autres. Pour les Juifs, c'est le 5 iYar de l'an 5708 du calendrier hébraïque. C'est aussi le Jour où doit cesser le mandat britannique sur la Palestine. A minuit, Arabes et Juifs se retrouveront face à face, sans soldats de Sa Gracieuse Majesté pour les séparer.
Les murs de la petite salle sont couverts de tableaux : les Hébreux lettrés reconnaissent le Juif tenant les tables de la Loi de Marc Chagall, ou Le Pogromde Minkovski. Mais toute l'assemblée sait qui est l'homme barbu au centre du plus grand mur, dont le portrait est entouré de deux drapeaux blancs à bandes bleues et étoile de David : c'est Theodor Herzl, le père du sionisme.
Aux origines du sionisme
En 1896, ce fils de riches marchands hongrois publiait Der Judenstaat (L'État juif), qui recommandait aux Juifs des nations europèennes de se regrouper pour fonder un État qui leur serait propre. En 1901, il créait un Fonds national juif pour l' achat de terres en Palestine. Le mouvement qui allait aboutir à la création d'Israël était lancé. Comme l'a dit David Ben Gourion, « Theodor Herzl est le premier, et c'est là sa grandeur historique, qui sut insuffler à la foi et à la nostalgie lu peuple juif, impatient de sa résurrection nationale, une âme nouvelle : la volonté d'agir ».
Un peu avant quatre heures de cet après-midi écrasé de soleil et rendu étouffant par le chamsin, ce vent brûlant venu du désert, Ben Gourion s'élance sur les marches du musée et vient prendre place sous le portrait de Theodor Herzl. Autour de lui, les quatorze membres du Conseil national juif et toutes les élites du futur État hébreu. A quatre heures précises, après avoir entonné l'hymne national, il se lève et, d'une voix sourde, commence à lire la déclaration d'indépendance : « Le pays d'Israël est le lieu où naquit le peuple juif... »
Il va ainsi parler près d'un quart d'heure, s'interrompant parfois pour donner du poids à ses paroles. Les yeux fixés sur la feuille de papier dactylographiée qui est agrafée au parchemin officiel (l'artiste chargé de la décoration du document na pas eu le temps de finir son travail.), David Ben Gourion ne partage pas la joie de ceux qui l'entourent. Il notera dans son journal intime : « J'avais, moi, le coeur serré parmi les heureux. Il n'y avait aucune joie dans mon coeur. Je ne pensais qu'à une chose, à la guerre qu'il nous faudrait livrer... »
Quand il en arrive à ce passage : « Nous proclamons la fondation de l'État juif en Terre sainte, qui portera le nom de Médinath-Israël », l'histoire bascule. Un peuple brise ses chaînes après dix-neuf siècles de persécutions et de massacres. La longue route des Juifs chassés par Rome s'achève. La foule a du mal à écouter la fin de sa déclaration et à suivre la cérémonie des signatures apposées par les plus hautes autorités du nouveau pays sur le document d'indépendance. Puis, tout le monde s'embrasse, laissant échapper des larmes de joie. Dans les rues avoisinantes, grâce à des dizaines de haut-parleurs, on a pu suivre les événements : la liesse populaire éclate.
Ceux qui sont maintenant des Israéliens ne voient pas les affiches qui appellent au recrutement dans la Haganah. Ils restent indifférents aux tracts qui proposent de souscrire à l'emprunt de l'Indépendance. Ils oublient de regarder la proclamation de l'état-major de la Haganah qui souligne la gravité de la situation militaire et annonce l'imminence de l'invasion arabe
BEN GOURION, le lion d'ISRAEL
Car tout ne va pas pour le mieux. David Ben Gourion, le chef civil et militaire du nouvel État, a quitté la cérémonie sans s'attarder, pour aller à son domicile enfiler sa tenue de combattant et avoir des nouvelles des différents fronts. Sa première question aux membres du quartier général : « Que se passe-t-il à Jérusalem ?. »
Là-bas, dans la cité de David et de Salomon, dont les rues sont balayées par les balles, l'heure n'est pas aux festivités. S'il faut danser, c'est pour éviter les rafales des francs-tireurs arabes. Dans les avant-postes de la ville, comme dans les kibboutz isolés de la campagne palestinienne, il faut tenir. Sur les frontières du nouvel État, cinq armées arabes se préparent à intervenir pour « jeter les Juifs à la mer... »
Depuis de nombreux mois, en effet, Jérusalem est la proie du terrorisme et de la guerre civile. Explosions et fusillades troublent le calme multimillénaire -de la Ville sainte des trois grandes religions monothéistes, où les juifs prient à l'ombre des murs du temple de Salomon, les musulmans près du rocher d'où Mahomet le Prophète s'est envolé au ciel et les chrétiens sur les lieux de la passion de Jésus-Christ. Le fossé n'a cessé de se creuser entre la communauté musulmane et la communauté juive, après des siècles de coexistence pacifique dans l'ombre des vieilles ruelles. Des deux côtés, la peur s'est installée.Tout a commencé avec les premières vagues d'immigrants juifs, au début de ce siècle : chassés hors d'Europe par une importante vague d'antisémitisme (pogroms russes ou Affaire Dreyfus en France), conquis par l'idéal sioniste, de nombreux Juifs ont acheté des terres en Palestine. Parmi eux, David Grün, un jeune Polonais qui débarque en 1906 à Jaffa. Collaborateur du premier périodique hébreu de Palestine, Ahdût (L'Unité), il signera son premier article Ben Gourion (« le Fils du lion »)
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Tout ceci est en ce qui me concerne très bien représenté dans le livre de LAPIERRE é COLLINS : O JERUSALEM mis à l'écran récemment ce qui a fait, à mon goût, un excellent film
Un autre film diffusé lundi par la télévision, film que j'ai vu, revu EXODUS, tiré du livre de Léon URIS. Cet auteur avait d'ailleurs écrit aussi MILA 18, relatant la révolte du ghetto de Varsovie.
Je le recherche depuis plusieurs années, car lu à sa sortie dans une bibliothèque, je n'ai jamais pu le retrouver